HISTOIRE ET ORIGINES
Le Qigong, tel qu’on le connaît aujourd’hui, prend sa source dans une tradition de techniques corporelles chinoises vielle de plusieurs millénaires. De multiples découvertes archéologiques de même que de nombreuses citations issues des textes anciens nous permettent de constater que des pratiques similaires au Qigong existaient déjà en Chine il y a plus de 5000 ans.
Découvertes archéologiques :
Parmi les découvertes archéologiques qui nous nous permettent de retracer les origines du qigong, on compte un vase déterré dans la province de Qinghai en 1973. Sur cette poterie datée de plus de 5000 ans, on peut y apercevoir des gens s’adonnant à des danses et des rituels. Or, le lien entre les danses shamaniques et le Qigong est souligné par plusieurs grands auteurs.
Par exemple, Lu Buwei, ministre de Qin au IIIe siècle avant notre ère, donne explicitement aux danses, parmi leurs multiples fonctions, celle de conduire le souffle :
“Jadis, au début du règne de Tao Tang[1], le yin était en excès, stagnations et accumulations abondaient, les voies d’eau bouchées et obstruées s’écoulaient difficilement depuis leur source, c’est pourquoi le souffle des individus était ramassé et stagnant, les tendons et les os contractés s’étiraient mal. On créa donc des danses pour conduire le souffle et l’aider à se propager harmonieusement.”
Une seconde découverte forte intéressante, celle-ci faite en 1975, dans la même province de Qinghai, consiste en une poterie sur laquelle est gravée l’image d’un individu se tenant dans posture qui rappelle les postures statiques du Qigong (zhanzhuang). Sa bouche, ouverte, semble faire référence à un exercice respiratoire. De plus, la partie supérieure du corps du personnage serait à l’mage d’un homme alors que sa partie inférieure serait à l’image d’une femme. Ceci, selon les spécialistes, symboliserait l’union du yin et du yang à l’intérieur d’un même individu.
Le plus ancien texte sur le Qigong retrouvé serait celui gravé sur un pendentif de jade daté d’environ 600 ans avant notre ère. Sur les 12 facettes de ce pendentif, on peut y lire des inscriptions nommées « la conduite du souffle » (xing qi). Ce texte de 45 caractères décrit les pratiques énergétiques et la théorie si rattachant :
«Promouvoir et conduire le Qi, la profondeur engendre l’accumulation, l’accumulation engendre l’extension, l’extension engendre la descente, la descente engendre la stabilité, la stabilité engendre la solidité, la solidité engendre la germination, la germination engendre la croissance, la croissance engendre le retrait, le retrait conduit à l’éveil. Le Qi céleste descend du ciel et le Qi terrestre monte de la terre. Vivre nécessite de se conformer à cela et entrer en conflit avec cette règle conduit à la mort».
La plus importante découverte archéologique associée au qigong est certainement celle fait dans le Hunan en 1973, lors de la découverte de la tombe numéro 3 de Mawangdui 马王堆.
On a exhumé de cette tombe des lattes de bois et des manuscrits sur soie datés de 246 à 177 avant notre ère. Ces documents concernent des sujets aussi variés que la philosophie, la littérature, la religion, des techniques diverses et la médecine. Parmi ceux-ci, un certain nombre a trait à l’entretien du principe vital, dont un groupe de lattes que l’on désigne par le titre « Dix Questions » (Shiwen 十问) et qui mentionnent le daoyin, ainsi qu’un manuscrit sur soie. Ce dernier est particulièrement intéressant; il s’agit d’illustrations de daoyin précédées d’un court écrit sur la façon d’interrompre la prise des céréales pour se nourrir de souffle. Incomplet, il comprend quarante-quatre postures disposées en quatre rangées horizontales de onze postures. À côté de chaque posture se trouve une inscription. Une trentaine d’entre elles sont encore lisibles. Elles font référence soit à l’indication thérapeutique du mouvement (troubles du système locomoteur et du système digestif essentiellement, maladie génitale, surdité, douleurs du genou, maladie épidémique), soit à la ressemblance de la posture avec un animal: le loup, l’ours, le singe, la grue, le dragon, le faucon, animaux bien connus de la mythologie taoïstes, que les adeptes de la longévité ont toujours cherché à imiter.
Ces illustrations semblent dire que le des exercices de qigong étaient déjà largement utilisées dans le traitement des maladies de la Chine ancienne. Au lieu de prescrire des formules d’herbes ou des traitements d’acupuncture, on prescrivait des postures et des exercices de qigong afin de traiter certaines maladies spécifiques. Autre fait intéressant, les personnages correspondent à des hommes et des femmes de toutes classes sociales (identifié selon leurs tenues vestimentaires) ce qui démontre qu’à l’époque le daoyin était une pratique largement répandue à travers la population.
Mentions dans les textes anciens :
La pratique régulière du qigong serait un acteur principal dans cet art d’entretenir la vie comme nous l’indique ce passage du Zhuangzi. Le Zhuangzi est daté du 4e siècle avant notre ère. Ce passage serait donc la plus ancienne attestation écrite de la pratique du daoyin :
« Expirer les sons chui et xu, cracher l’ancien souffle et absorber le nouveau, imiter l’ours se suspendant à l’arbre ou l’oiseau prenant son envol, tel est l’idéal de ceux qui veulent entretenir leur corps par le daoyin et sont de la même veine que Pengzu, qui vécut plus de huit cents ans. »
Le plus important ouvrage médical de cette période, le Canon interne de l’empereur Jaune (Huangdi neijing 黄帝内经), ouvrage compilé entre le premier siècle avant et le premier de notre ère, mentionne à plusieurs reprises le daoyin en tant que technique thérapeutique. « Le peuple des contrées du centre souffre principalement de reflux du souffle, d’alternance de chaud et de froid, et il convient de soigner par le daoyin et les massages. »
Aujourd’hui, l’arrivé du Qigong en occident suscite l’intérêt du grand public comme celui des domaines scientifiques et médicaux. Cependant, nous pouvons constater, à la lumière des informations retrouvées dans les documents anciens, que les origines du Qigong remontent à plusieurs millénaires dans l’histoire chinoise et que ces pratiques étaient déjà largement reconnues et pratiquées en Chine pour leur propriété thérapeutiques et prophylactiques.
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[1]Tao Tang : nom personnel de 唐尧 Tang Yao, empereur légendaire de l’époque dite des Cinq Empereurs. L’un des Cinq Empereurs, souverains mythiques de la haute Antiquité, et qui, réputé pour sa vertu, aurait régné entre les 24e et 23e s. Originaire de 陶 Tao, au 山东 Shan dong actuel; il alla résider à 唐 Tang, au 河北 He bei actuel.