Le 10 février a marqué le début de l’année du Dragon de Bois. Selon la tradition du nouvel an chinois, aussi appelée Fête du Printemps (chun jie 春节), les festivités s’étaleront sur deux semaines, prenant fin à la pleine lune du 24 février, soulignée par la Fête des Lanternes (yuan xiao jie 元宵节). Cette année, conformément au calendrier lunaire, s’inscrit dans la combinaison
Que signifie le mot Dao 道?
Le taoïsme, comme son nom le dit, est l’école du tao (dao en Pinyin). Mais que signifie ce terme exactement?
La contemplation »guan » 觀
Le terme guan 觀/观 signifie regarder, observer, contempler. Lorsqu’il a le sens de contemplation, il est étroitement associé au processus méditatif. D’abord repris par les taoïstes, le terme est non seulement employé pour désigner la méditation, comme pour le terme nei guan 内觀 (contemplation intérieure), mais il est aussi le terme servant à désigner temples taoïstes que l’on appel en chinois dao guan 道觀. Par exemple, le célèbre temple des Nuage Blancs situé à Beijing se nomme Bai Yun Guan 白云觀. Ceci les distingue des temples bouddhistes appelés si 寺, tel que le temple de Shaolin par exemple, nommé Shao Lin Si 少林寺.
C’est ce même caractère qui sera utilisé également pour traduire la pratique méditative bouddhiste du Vipassanā (pāli) ou vipaśyanā (sanskrit), qui désigne dans la « vue profonde » ou « inspection ».
Étymologiquement, la première graphie du caractère illustrait un oiseau avec les yeux grands ouverts. Par ailleurs, la partie gauche du caractère 雚 guàn désigne une cigogne blanche ou une grue.
Or, la grue a toujours été un symbole de calme et de longévité dans la culture chinoise. Ce fascinant oiseau est réputé pouvoir se maintenir parfaitement immobile sur une seule jambe pendant de longues heures, comme si elle dormait, quoique parfaitement alerte. C’est aussi un des oiseaux dont l’altitude de vol est parmi les plus élevées. Elle représente l’harmonie du Yin et du Yang. D’ailleurs, plusieurs exercices de Qigong et mouvements d’arts-martiaux taoïstes sont inspirés de la grue.
Considérant cela, il n’est pas étonnant que le terme guan fut privilégié par les taoïstes, au point de l’utiliser pour désigner leurs lieux de culte. Ceci mais en évidence aussi le fait que le Taoïsme se veut d’abord une sagesse basée sur l’obersvation de la nature. Effectivement, le taoïsme n’est pas la transmission d’une doctrine spécifique, mais plutôt un ensemble de pratique et de techniques pour décoder ou interpréter le dao, la voie de la nature. Ceci explique bien pourquoi les taoïstes sont historiquement à l’origine d’importantes découvertes scientifiques et médicales.
Le caractère du bouddhisme chan 禅 (zen)
Le terme zen tel qu’on le connaît aujourd’hui est en fait la prononciation japonaise du terme chinois chan 禅, abréviation de chán nà 禅那, la transcription phonétique du terme sanskrit dhyana (ou jnana en Pali), qui signifie: méditation.
Ce caractère est utilisé pour désigner l’école du bouddhisme chan (ou école de la contemplation) qui aurait été fondée, selon la tradition, par Bodhidharma en Chine, vers 520. Antérieurement à son usage bouddhique, prononcé shàn, ce caractère pouvait signifier : céder, donner ou abdiquer. Il désigne aussi les sacrifices à la Terre offerts au Ciel par les empereurs. (Ricci)
Sa composante de droite shi 示 désigne l’Autel ancestral, les cérémonies. Tandis qu’à gauche, on retrouve le caractère dan 单 / 單 qui symbolise quant à lui le corps d’une bête, měng 黾/黽, avec deux bouches au-dessus, 吅 xuān, qui illustre son gémissement. Le caractère dan 單, lorsque combiné au radical de l’insecte chong 虫 nous donne le caractère de la cigale chán 蝉, qui se prononce exactement de la même façon .
Cette analogie avec la cigale, qui est son homonyme, est particulièrement intéressante. Effectivement, le terme chan est celui de la méditation silencieuse. Et qu’entend-t-on dans le silence de la nuit? Le retentissement apaisant du chant des cigales, ce bruit qui nous rappelle la vibration de l’être, l’écho spontanée de la nature, le moment présent, dans son intime résonance.
Il est à noter aussi que la cigale, lors de sa mue, laisse derrière elle son enveloppe corporelle pour prendre son envol, ceci n’est pas sans nous rappeler le processus de renaissance et de transformation propre à l’expérience spirituelle du méditant. Ainsi, tant pour des raisons de phonétique, mais aussi pour sa valeur sémantique, on comprend bien pourquoi les chinois ont choisi d’utiliser ce caractère pour traduire le terme dhyana et donner nom à cette école du bouddhisme.