Le terme zen tel qu’on le connaît aujourd’hui est en fait la prononciation japonaise du terme chinois chan 禅, abréviation de chán nà 禅那, la transcription phonétique du terme sanskrit dhyana (ou jnana en Pali), qui signifie: méditation.
Ce caractère est utilisé pour désigner l’école du bouddhisme chan (ou école de la contemplation) qui aurait été fondée, selon la tradition, par Bodhidharma en Chine, vers 520. Antérieurement à son usage bouddhique, prononcé shàn, ce caractère pouvait signifier : céder, donner ou abdiquer. Il désigne aussi les sacrifices à la Terre offerts au Ciel par les empereurs. (Ricci)
Sa composante de droite shi 示 désigne l’Autel ancestral, les cérémonies. Tandis qu’à gauche, on retrouve le caractère dan 单 / 單 qui symbolise quant à lui le corps d’une bête, měng 黾/黽, avec deux bouches au-dessus, 吅 xuān, qui illustre son gémissement. Le caractère dan 單, lorsque combiné au radical de l’insecte chong 虫 nous donne le caractère de la cigale chán 蝉, qui se prononce exactement de la même façon .
Cette analogie avec la cigale, qui est son homonyme, est particulièrement intéressante. Effectivement, le terme chan est celui de la méditation silencieuse. Et qu’entend-t-on dans le silence de la nuit? Le retentissement apaisant du chant des cigales, ce bruit qui nous rappelle la vibration de l’être, l’écho spontanée de la nature, le moment présent, dans son intime résonance.
Il est à noter aussi que la cigale, lors de sa mue, laisse derrière elle son enveloppe corporelle pour prendre son envol, ceci n’est pas sans nous rappeler le processus de renaissance et de transformation propre à l’expérience spirituelle du méditant. Ainsi, tant pour des raisons de phonétique, mais aussi pour sa valeur sémantique, on comprend bien pourquoi les chinois ont choisi d’utiliser ce caractère pour traduire le terme dhyana et donner nom à cette école du bouddhisme.